Milivraou, le service de livraison à vélo qui fait dans le social

Clicanoo, article paru le 30 mars 2022

Se faire livrer un colis, un repas ou des courses à vélo, c’est bientôt possible à Saint-Denis. Un geste en faveur de la planète mais aussi des livreurs, tous en contrat d’insertion.

Postés à l’entrée de l’atelier, les imposants vélos bleus sont prêts à partir. Ils n’attendent plus que les commandes, qui ne devraient plus tarder à affluer. « J’ai déjà testé le vélo », explique avec bonheur Damien, qui fait partie de la dizaine de livreurs « Milivraou » qui vont bientôt arpenter Saint-Denis et ses environs.

Des livreurs pas tout à fait comme les autres puisqu’ils sont issus d’Oté Bike, un atelier d’insertion basé à Sainte-Clotilde, lui-même relié à l’ALIE, une association dédiée au développement de l’insertion par l’activité économique. « Ce sont des personnes éloignées de l’emploi, âgées de 22 à 66 ans, dont l’objectif est de leur redonner confiance et une posture professionnelle », explique Vincent Labbe, chef de projet économie sociale et solidaire chez Oté Bike. En deux ans maximum, le but ultime constitue en une « sortie positive », c’est-à-dire trouver un emploi. Ce qui fut le cas par le passé, certains d’entre eux décrochant des postes d’agent d’entretien, de sécurité ou de La Poste.

Avec Milivraou, ces travailleurs en contrat à durée déterminée d’insertion vont faire bien plus que simplement livrer des fleurs, des paquets, des colis, des courses, des repas ou des médicaments. « Depuis quatre ans, on les forme à des métiers très manuels, comme électricien, soudeur, menuisier, cadre Vincent Labbe. Là, ils vont pratiquer un tout autre métier, tourné vers les autres, la relation client, la fidélisation et le lien social ».

 

Un service éthique

Un objectif en phase avec les envies de Naddy, arrivé dans cet atelier d’insertion le 2 décembre dernier. « Ça nous permet d’être polyvalent, autonome et de se forger de l’expérience, apprécie le jeune homme. Ça me plaît de bricoler à l’intérieur mais aussi de voir le monde extérieur, parler, partager des informations et d’aider les autres surtout ».

Les vélos électriques à recharge solaire construits dans l’atelier permettent de transporter des charges allant jusqu’à 150 kilos. Pas n’importe où bien sûr. Les charges les plus lourdes pourront être acheminées dans le centre-ville dionysien et jusque dans les bas de Sainte-Marie et Sainte-Suzanne. Dans les Hauts, ça sera 20 kilos maxi.

Surtout, il n’est pas question d’effectuer ces livraisons en mode robot et presser de trop les livreurs. « C’est la nuance avec des services de livraison de nourriture par exemple, on ne veut pas quelqu’un qui va déposer le colis et partir, détaille Vincent Labbe. On souhaite personnaliser un peu plus ce service de livraison ». Et tisser un peu de ce fameux lien social.

 

Un service écologique

Milivraou se veut également éthique puisque contrairement à certaines plateformes de livraison classiques, ses livreurs sont salariés et bénéficient d’une couverture sociale. « Que le livreur fasse zéro, quinze ou trente livraisons par semaine, il sera payé pareil », ajoute fièrement Vincent Labbe. « Le monde d’aujourd’hui va de plus en plus vers l’écologie, note pour sa part Alexandre Dambreville, l’un des trois encadrants techniques d’insertion. Et nous on répond à ça par ce service de livraison en mobilité douce. »